20 biais cognitifs redoutables et nuisibles à connaître

Certains experts suggèrent que nos préjugés involontaires, malgré leur mauvaises réputation, sont essentiels à la survie de l’espèce humaine.

Mécanismes de pensée inconscients développées au fil du temps, ils reflètent les connaissances que nous avons acquises sur le fonctionnement du monde.

Ces préjugés inconscients établissent les cadres dans lesquels nous vivons.

Notre tendance à privilégier le sentiment de sécurité, par exemple, nous permet la plupart du temps d’éviter les ennuis. Une préférence inconsciente vers certaines saveurs nous donne tous les paramètres nécessaires pour éviter de passer 2 heures à sélectionner notre menu au restaurant.

Bien entendu, nos préjugés inconscients sont aussi intelligents que nous, c’est pourquoi ils sont parfois un peu “stupides”.

En effet, il existe une catégorie d’habitudes mentales appelées biais cognitifs. Le problème de ces biais, c’est que dans certaines prises de décision, ils nuisent à notre processus de pensée en nous empêchant de cogiter de façon logique.

Les experts ont identifié un certain nombre de ces “pièges mentaux” qui parasitent nos décisions et sont potentiellement néfastes pour nous-mêmes et notre entourage.

Voici les 20 biais cognitifs les plus coriaces, qui sont également les plus nuisibles car source d’importantes erreurs de raisonnement.

1. Le biais d’ancrage

Le biais d’ancrage, ou effet de primauté, désigne la tendance de l’être humain à être trop dépendant de la première information reçue sur un sujet, information qui devient alors une sorte de référence absolue, de “point d’ancrage”.

Exemple : dans le cadre d’une négociation salariale, celui qui fait la première offre assoit son influence par rapport à l’autre.

2. Le biais de surgénéralisation

Ce biais cognitif désigne la disposition des individus à surestimer l’importance d’une information dont ils disposent.

Sur la base d’un exemple, il tirent une règle générale. On l’appelle aussi heuristique de représentativité ou biais de représentativité.

Exemple : une personne pourrait soutenir que le tabac n’est pas nocif pour la santé du fait qu’elle connaît quelqu’un ayant vécu jusqu’à 100 ans en fumant deux paquets par jour.

3. L’effet de mode

L’effet de mode, appelé également pensée de groupe, est un biais qui traduit la probabilité qu’un individu adopte plus facilement une croyance en fonction du nombre élevé de personnes qui la partagent.

C’est une forme puissante de pensée de masse (la réaction “mouton de panurge”) et c’est la raison pour laquelle, par exemple, de nombreuses réunions se révèlent improductives.

4. Le biais d’autorité

Ce biais correspond à la crainte largement partagée de contredire l’avis d’une personne considérée comme “experte” dans un domaine particulier.

Il s’agit d’une distorsion cognitive fréquente. Elle nous prédispose à accorder beaucoup plus d’importance à l’opinion d’une ou plusieurs personnes que nous considérons comme une forme d’autorité, même si cela va à l’encontre du bon sens.

C’est la raison pour laquelle, dans la publicité télévisuelle, la personne qui vous présente un dentifrice porte généralement une blouse blanche.

5. Le principe d’engagement

L’être humain a un grand besoin de cohérence et n’aime pas beaucoup reconnaître ses torts. Cela nous pousse parfois à persévérer dans l’erreur.

Le biais d’engagement (ou biais de cohérence) se produit lorsque vous persistez dans une voie que vous avez choisie, même si ce choix finit par s’avérer peu judicieux.

Exemple : vous persistez à penser que votre chien est génial – même s’il mord des gens de temps à autre.

6. L’illusion des séries

L’illusion des séries s’opère lorsque l’individu conceptualise des modèles et des systèmes à partir d’évènements aléatoires ou de coïncidences.

Ce phénomène explique diverses illusions de jeu, comme l’idée que le rouge est plus ou moins susceptible d’apparaître sur une table de roulette après une série de noirs.

7. Le biais de confirmation

Ce biais cognitif est la tendance de l’individu à donner plus d’importance aux informations qui confirme ses idées préconçues par rapport à celles qui bousculent ses hypothèses. Ce biais est également appelé biais corroborant.

Il est l’une des multiples raisons pour lesquelles il est si difficile d’avoir une conversation intelligente sur des sujets tels que le changement climatique.

8. Le biais de statu quo

Le biais de statu quo, ou biais de conservatisme, consiste à privilégier les preuves antérieures par rapport à de nouvelles preuves ou informations. Notre cerveau tend à percevoir la nouveauté comme un risque.

Ce biais explique pourquoi les individus s’accrochent à un état des choses et opposent tant de résistance au changement, même quand cela va à l’encontre de la logique.

Exemple : les gens ont mis du temps à accepter que la terre était ronde car ils se sont accrochés à leur compréhension antérieure d’une planète plate.

9. L’effet pom-pom girl

L’individu est davantage séduit par ce qui est présenté en groupe que tout seul.

Egalement appelé effet cheerleader, ce phénomène s’explique par le fait que les proportions, couleurs ou caractéristiques nous paraissent visuellement plus harmonieuses au sein d’un groupe.

10. L’effet d’autruche

L’individu préfère par nature ignorer un fait qui ne le rassure pas. Ce biais cognitif décrit notre propension à ignorer une information perçue comme négative ou dangereuse en “s’enterrant” la tête dans le sable comme une autruche.

Exemple : une étude (Karlsson et al., 2009) a montré qu’un investisseur vérifie beaucoup moins souvent la valeur de ses participations lorsque les marchés sont à la baisse qu’à la hausse. Or la logique voudrait que les marchés à la baisse soient soumis à une observation plus stricte.

11. Le biais de résultat

Le biais de résultat nous incline à juger une décision sur le résultat qui s’en est suivi plutôt qu’en fonction des données disponibles à ce moment-là et de la façon exacte dont la décision a été prise.

Exemple : gagner beaucoup d’argent au casino ne signifie pas que parier votre argent était réellement une bonne idée.

12. L’excès de confiance

Le biais de confiance excessive traduit la tendance de l’individu à surestimer ses propres aptitudes ou connaissances.

Ce biais cognitif nous pousse à penser que nous sommes plus compétents que nous ne le sommes en réalité, et nous empêche de nous remettre en question dans nos choix et décisions, même lorsque nous sommes dans l’erreur.

Les experts sont plus enclins à ce préjugé inconscient que les profanes, car ils sont davantage convaincus d’avoir raison.

13. L’effet Placebo

L’effet placebo, sans doute l’un des biais cognitifs les plus célèbres, nous incite à croire qu’une chose aura un certain effet sur nous pour que cela se produise réellement.

En médecine, les personnes traitées avec d’inoffensifs comprimés au sucre éprouvent souvent les mêmes effets physiologiques que les personnes ayant reçu un véritable médicament.

14. Le biais pro-innovation

C’est le pendant de l’effet de Statu quo.

Le biais pro-innovation se produit lorsqu’un individu a tendance à surévaluer l’utilité et à sous-évaluer les limites d’une innovation, en donnant inconsciemment la préférence à la nouveauté.

15. L’effet de récence

L’effet de récence décrit l’inclination de l’être humain à mieux se souvenir et à attribuer plus de poids aux informations très récentes, au détriment de données plus anciennes.

Prenons le cas d’investisseurs en bourse : ils ont tendance à croire en la stabilité du marché, et prennent de ce fait des décisions imprudentes.

16. L’effet de vérité illusoire

Le biais de vérité illusoire est un raccourci mental qui décrit notre tendance penser qu’une information est correcte, non parce qu’elle l’est forcément, mais simplement parce qu’il y ont été exposés de manière répétée.

Exemple : un individu qui regarde beaucoup les journaux télévisés pourrait penser qu’il a de grands risques d’être attaqué par un requin ou victime d’un crash aérien, alors qu’en fait, un accident de la route est statistiquement plus probable.

17. La perception sélective

C’est le fait de permettre à nos attentes, nos centres d’intérêts ou nos valeurs (entre autres) d’influencer notre perception du monde.

Le biais de perception sélective explique notre partialité, et pourquoi il nous est si difficile de nous mettre réellement à la place de l’autre.

Exemple : une expérience portant sur un match de football a montré que chaque équipe voyait clairement l’équipe adverse commettre plus d’infractions que sa propre équipe.

18. Le biais de stéréotype

Il s’agit d’un préjugé cognitif selon lequel l’individu attend d’une personne qu’elle possède certaines qualités particulières ou comportements en fonction de son groupe social, avant même d’avoir de véritables informations sur cette personne.

Le biais de stéréotype permet à l’être humain d’identifier rapidement des inconnus comme des amis ou des ennemis, ce qui est utile en cas de danger immédiat. Mais les gens ont tendance à se laisser trop abuser par ce biais.

19. L’effet de contraste

Le biais de contraste explique comment notre perception peut être altérée par le contraste avec d’autres informations présentées simultanément.

Il amène l’individu à juger très différemment une situation en fonction du cadre dans lequel elle est présentée.

Exemple : en marketing, on utilise beaucoup ce biais cognitif pour susciter l’acte d’achat. On présente à un client un produit à coût élevé, puis un produit à prix plus réduit. Grâce à ce stratagème, le produit à moindre coût a beaucoup plus de chance de séduire le client.

20. Le biais d’auto-complaisance

Les sociologues ont découvert que nous aimons nous percevoir d’une manière favorable, même si cela n’est pas toujours justifié.

Le biais d’auto-complaisance fausse notre perception : nous nous attribuons des mérites et des capacités que nous n’avons pas forcément.

Typiquement, l’individu s’attribue facilement les mérite de ses réussites, mais il met généralement ses échecs sur le compte de circonstances extérieures.

Si vous prenez beaucoup de décisions au quotidien, cet article est un outil fantastique pour pouvoir vérifier l’intégrité de votre processus de pensée, en particulier dans les situations critiques.

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